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Les sage-femmes sont indispensables lorsqu’il s’agit de prévenir les décès maternels et fournir des services de planification familiale. Cela est particulièrement vrai dans les pays où les droits et les choix en matière de sexualité et de reproduction sont remis en question ou menacés. Les sage-femmes sont chargées d’assurer des soins de qualité aux adolescents et aux jeunes, mais elles peuvent aussi faire obstacle à l’accès des jeunes à ces services, même en l’absence d’interdictions légales ou administratives.
Ce sont également elles qui tirent la sonnette d’alarme sur les violences basées sur le genre et les pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants. Elles ont la capacité de garantir l’accès aux produits et aux services sexuels et reproductifs à ceux qui en ont le plus besoin. Mais ce n’est pas toujours le cas.
« En effet, les sage-femmes sont socialisées par les sociétés dans lesquelles elles vivent, où la sexualité est encore taboue. L’offre de services et de produits de santé sexuelle et reproductive aux adolescents peut être considérée comme allant à l’encontre de l’éthique morale et religieuse dominante. Le manque de formation du personnel de santé est un autre obstacle. »
Mounaya, sage-femme à Abomey Calavi, dans le sud du Bénin.
C’est pourquoi le programme Ado Avance Ensemble s’est fixé pour objectif de renforcer les capacités des professionnels du secteur de la santé à fournir des services adaptés aux besoins des adolescents et des jeunes. Pour ce faire, Rutgers a soutenu DKT FWACA dans la formation de sept sage-femmes entre mars et juin 2023. Ces sage-femmes formeront ensuite d’autres sage-femmes du réseau DKT au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Togo. Les sage-femmes ont été formées par DKT à la pose et au retrait de DIU et d’implants, aux techniques de conseil en planification familiale, à l’utilisation de nouveaux contraceptifs et, le cas échéant, aux protocoles d’avortement.
Des services adaptés aux jeunes
Au cours de la formation, une attention particulière a été accordée à ce que les sage-femmes puissent offrir des informations et des services aux adolescents et aux jeunes, sans jugement ni stigmatisation. À cette fin, Rutgers a facilité un cours en ligne permettant aux participantes de prendre conscience de leurs valeurs personnelles, professionnelles et sociétales en matière de santé sexuelle et reproductive. La formation en ligne comprenait trois sessions : une sur les attitudes des prestataires à l’égard des jeunes accédant aux services, une sur la capacité des adolescents et des jeunes à choisir par eux-mêmes et une sur les techniques de communication pour des services adaptés aux jeunes.
Esther, sage-femme à Yaoundé, au Cameroun, a été l’une des premières sage-femmes formées. « Lors de la formation, j’ai remarqué que de nombreuses sage-femmes étaient réticentes à prescrire une contraception aux jeunes. Elles pensaient qu’elles devaient d’abord obtenir le consentement de leurs parents. Nous avons appris au cours de la formation que la loi ne l’exigeait pas. Bien sûr, elles peuvent consulter leurs parents si elles le souhaitent, mais il n’y a pas d’obligation de le faire. En tant que sage-femmes, nous sommes là pour répondre aux besoins des jeunes eux-mêmes, afin qu’ils puissent faire leurs propres choix en connaissance de cause », rappelle Esther.
« La formation a révélé que les sage-femmes ne sont pas nécessairement au courant de la législation en ce qui concerne l’accès des adolescents et des jeunes aux services de santé sexuelle et reproductive dans leur pays », explique Blandine Bénézit, l’une des facilitatrices de la formation pour Rutgers. « Leur façon de travailler est parfois plus stricte que la législation en vigueur », ajoute-t-elle.
Lorsqu’on lui demande si la formation a changé le point de vue des sage-femmes sur les jeunes, Esther répond : « Oui, en effet. Les sage-femmes commencent à écouter plus attentivement à leurs besoins. »
L’accès à l’avortement est limité et souvent non sécurisé. Par conséquent, de nombreux jeunes se tournent vers des solutions dangereuses, qui entraînent des complications et parfois la mort. Selon un rapport publié en 2016 par IPAS, la région a le taux de mortalité lié à l’avortement le plus élevé au monde, estimé à 540 pour 100 000 avortements. Les sage-femmes sont également confrontées à des jeunes qui cherchent à se faire avorter et doivent être préparées pour avoir une conversation sans jugement.
Mounaya : « Je me souviens encore d’une jeune fille qui est venue à mon dispensaire parce qu’elle voulait se faire avorter. J’ai pris le temps de la sermonner et je l’ai renvoyée. Je lui ai donné quelques jours de réflexion, mais elle n’est jamais revenue. J’ai appris qu’elle avait subi un avortement non-sécurisé. Cela m’a brisé le cœur de la traiter de cette façon. Lorsque j’ai suivi la formation, j’ai appris des outils utiles pour changer mon comportement envers les jeunes et les traiter comme des amis. Les amis sont là pour s’entraider et s’écouter. Je ne renverrai plus jamais quelqu’un. »
Bien qu’Esther et Mounaya constatent des changements positifs dans leurs communautés, elles reconnaissent toutes deux qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Esther : « Nous avons tendance à mettre l’accent sur le message de l’abstinence. On a encore la mauvaise impression que lorsqu’on parle de sexualité avec les jeunes, cela ne peut que les encourager à avoir des rapports sexuels. Les professionnels de la santé ont donc tendance à éviter complètement le sujet ou à se concentrer sur les aspects négatifs de la sexualité. Il faut expliquer que lorsqu’on offre des informations fiables sur les méthodes contraceptives, cela permet aux jeunes de prendre leurs propres décisions ».
Mounaya ajoute : « Au Bénin, les jeunes, en particulier dans la région du nord, d’où je suis originaire, ont encore du mal à trouver le chemin des services et des informations en matière de santé sexuelle et reproductive, notamment en ce qui concerne les soins liés à l’avortement. Nous devons créer un environnement qui leur permette de trouver des informations et des produits fiables, sans ajouter d’obstacles inutiles ». Mounaya ne manque pas d’idées pour y parvenir. « Par exemple, j’ai constaté que la création d’une ligne d’assistance téléphonique anonyme gérée par des sage-femmes est un excellent moyen d’y parvenir. Les sage-femmes sont des professionnelles de confiance dans notre région, et leur présence dans les centres d’appel peut nous aider à atteindre les adolescents et les jeunes avec des informations fiables, de manière anonyme et facilement accessible. J’espère que nous pourrons agrandir ces centres d’appel dans l’avenir, afin que les jeunes de toutes les régions du pays soient informés de l’existence de ces services.
A travers nos partenaires, Ado Avance Ensemble offre aux jeunes des lignes vertes en Afrique de l’Ouest:
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